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Marie Eve Brouet s'est tout d'abord formée à l'école
de la Presse à Lyon. Les commandes de photographies y sont
toujours urgentes et les sujets des plus variés. Portraits
d'hommes politiques, de footballeurs, manifestations, fête
du 14 juillet, tout est à prendre, tout doit être
vivant, tout doit être parfait et plus si affinité
L'actualité est une mangeuse d'images qui se délecte
de ce petit plus capable d'offrir un nouvel angle de prise de
vue et d'échapper ainsi à la banalité. Pour
fixer en une image ce monde qui court, le photographe se fait
marathonien. Il court, se penche et se met à genoux à
la recherche du meilleur plan. Marie Eve Brouet fait partie de
ces photographes qui disloquent leur corps pour que le réel
puisse se réduire à du sens au creux de leur objectif.
Voyeuse donc mais d'une extrême courtoisie, elle ne se confronte
pas au monde mais s'y adapte, permettant ainsi à son sujet
de pleinement exister.
Si les quotidiens jouent de la vitesse, les magazines, eux, prennent
le temps de peaufiner leurs images. Marie Eve Brouet passe d'un
support à l'autre, compose avec ces différences,
donne de la matière à des photographies qui racontent
un univers, une ambiance, un savoir-faire.
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Généreuse
dans la vie et dans son travail, elle a trouvé un terrain
de prédilection dans la gastronomie. De la cuisine à
la salle de restaurant, du commis au chef étoilé,
elle prend le temps de regarder pour faire partager au mieux
ses rencontres et ses découvertes. Et bien que la photographie
d' un plat s'avère un exercice difficile (les peintres
qui font briller les écailles de poisson ou esquissent
la rondeur d'une pomme le savent bien) elle parvient à
exciter nos papilles dans l'abstraction d'une image.
Mais, si les odeurs d'épices font voyager, les cuisines
restent un lieu clos, et pour la photographe qui a besoin d'espace
rien ne vaut la mer, de Marseille à l'Amérique
du Sud, elle capte le travail des hommes, près du rivage,
sur leurs fragiles embarcations ou à bord des chalutiers.
Un monde loin de la patience et de la minutie nécessaire
au chef étoilé, un monde tout en force où
la seule ligne d'horizon déroule un thème infini.
Des univers totalement différents mais qui, étrangement,
participent de la même économie, le poisson pris
dans les filets des uns finira bien par être magnifié
par les autres
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Hauviette
Bethemont
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